Aperçu historique sur l'Ordre du Saint-Sépulcre

D'antique origine, constitué, réformé, augmenté et enrichi de privilèges par les Souverains Pontifes, l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem est réorganisé par Pie IX (1847 et 1868) et par Léon XIII (1888). Saint Pie X (1907) réserve au Souverain Pontife la Grande Maîtrise et Pie XI lui réunit l'Oeuvre pour la Préservation de la Foi en Palestine. Par la suite, Pie XII (1940) place l'Ordre sous le patronage d'un cardinal; puis, le 14 septembre 1949, il institue un cardinal comme "Grand Maître de l'Ordre", lui en confiant le gouvernement et fixant le siège central de l'Ordre du Saint-Sépulcre à Rome, tandis que le siège historique est à Jérusalem.

Jean XXIII, par Bref du 8 décembre 1962, permet une réforme du fonctionnement de l'Ordre tandis que Paul VI, le 8 juillet 1977, approuve la rédaction des statuts actuellement en vigueur.

Histoire et spiritualité

Dès les premiers temps, le lieu de l'ensevelissement et de la Résurrection de Jésus est l'objet d'une attention particulière de la part des fidèles. Tout au long du premier millénaire, malgré l'insécurité des routes et des voies maritimes, les chrétiens d'Occident viennent en foule vénérer le Tombeau du Christ. Le passage de Jérusalem sous souveraineté musulmane, au VIIème siècle, n'affecte pas cette pratique.

Mais lorsque le 18 octobre 1009, le calife fatimide Al-Hakim Bi Amr Allah entreprend de détruire le Saint-Sépulcre et empêche les pèlerinages, le modus vivendi est rompu. Dès lors, l'idéal de la chevalerie trouve dans la croisade son point d'application le plus élevé : le sacrifice pour une donnée de la foi, en l'occurrence la fidélité au Tombeau sacré.

La fondation

L'Ordre des Chevaliers du Saint-Sépulcre, dont la fondation a longtemps été attribuée tradi-tionnellement à Godefroy de Bouillon, après la prise de Jérusalem par les croisés en 1099, tire plus probablement ses racines du corps de chevaliers recrutés localement au XIIème siècle pour la défense du royaume latin de Jérusalem et dont les adoubements paraissent avoir été célébrés dans l'église du Saint-Sépulcre.

Il puise aussi ses valeurs fondamentales dans le souvenir des chevaliers croisés ou locaux affiliés à cette même époque à la confraternité laïque constituée auprès des chanoines réguliers du Saint-Sépulcre.

La protection des pélerins

L'Ordre prend son essor historique en 1335, date de la récupération du Saint-Sépulcre par les chrétiens et les franciscains, permettant ainsi la reprise des pèlerinages en Terre Sainte. Conféré militairement par un chevalier reconnu par les papes et les souverains, il est tout au long des XIVème et XVème siècles inspiré par l'idéal de chevalier chrétien formulé par saint Bernard et incarne la fidélité à l'esprit et à l'idéal des croisades. Il passe à l'extrême fin du XVème siècle sous le contrôle direct des Souverains Pontifes romains.

Le pape Alexandre VI, qui s'en proclame le "Modérateur", le place sous la responsabilité des franciscains et délègue au Custode de Terre Sainte le privilège exclusif de recevoir et d'adouber les chevaliers du Saint-Sépulcre. Les chevaliers vivent dès lors dans l'attente et la disponibilité pour le service de Terre Sainte et dans le perfectionnement de leur vie spirituelle.

Le rétablissement du Patriarcat

Lors du rétablissement du Patriarcat latin de Jérusalem, en 1847, le pape Pie IX transfère au nouveau patriarche le pouvoir de créer les chevaliers du Saint-Sépulcre. L'Ordre se voit confier une mission enfin concrète de soutien spirituel, moral et matériel du Patriarcat latin de Jérusalem et des communautés chrétiennes de Terre Sainte. Après plusieurs réorganisations, notamment celle de 1868 à l'instigation du patriarche, Monseigneur Valerga, la direction de l'Ordre est confiée en 1849 par le pape Pie XII à un cardinal Grand-Maître nommé par le Souverain Pontife et assisté d'un Grand Magistère.

L'admission des Dames a été accordée par le pape Léon XIII en 1888. Les derniers statuts ont été approuvés par le pape Paul VI en 1977. Si le pèlerinage à Jérusalem demeure une démarche essentielle des nouveaux chevaliers, ceux-ci ont la possibilité aujourd'hui de se faire adouber dans leur pays de résidence.